Les
frères FOURNET s'enrôlent aussi dans le maquis du Vercors.
Charles, à la suite d'un congé de maladie, ne retourne
pas outre-Rhin et Marcel, requis à son tour, décline
l'invitation allemande. Tous deux connaissent la vie rude, les combats
sanglants.
Le 21 juillet 1944, sur le plateau de VASSIEUX, ils travaillent avec
beaucoup de camarades à l'aménagement d'un terrain d'aviation.
Il est 9 h 30. Soudain, surgissent des nuages une vingtaine d'avions
qui remorquent chacun un planeur. Les hommes surpris pensent d'abord
à un parachutage allié ou à l'arrivée
de troupes aéroportées larguées en renfort. Bien
vite, ils comprennent. Des croix noires apparaissent sur les fuselages.
Les planeurs piquent sur eux presque à la verticale et les
mitraillent. L'un des appareils s'écrase au sol. Les paras
ennemis tirent sur tout ce qui bouge, maquisards et civils sont massacrés,
torturés parfois avec sauvagerie. Les cadavres restent sur
place au moins jusqu'au 19 août, date du départ des troupes
du Reich qui rejoignent leurs cantonnements. Alors seulement, des
paysans ou des camarades procèdent à de rapides obsèques.
Ils enterrent les cercueils à faible profondeur, au bord de
la route.
Le mardi 22 août, à 18 h, un barrage placé vers
le château LAVERRIERE, à BAGNOLS, arrête toutes
les voitures. Dans une camionnette pilotée par Marius GAY,
22 ans, de TREVOUX, se tiennent deux passagers : Hugues PERCET, même
âge, de MESSIMY et Maurice REY, 27 ans, notre compatriote. Les
trois imprudents ont des revolvers sur eux, d'autres armes à
l'intérieur du véhicule. Leur compte est bon. Une demi-heure
plus tard, le même barrage stoppe deux motocyclistes, Louis
JAY, 23 ans, habitant CHARNAY et Jean-Pierre CLAVARON, 27 ans, du
même village. Hélas, eux aussi portent des armes.
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Marcel
et Charles FOURNET |
Les
cinq prisonniers, conduits à "L'Ecu-de-France", siège
de la Gestapo caladoise, subissent les premiers interrogatoires et les
tortures qui les accompagnent.
La maison de Maurice a droit à une sérieuse perquisition.
Ne trouvant rien, les "gestapistes" molestent toute la famille,
enfants compris.
Le jour suivant, 23 août, vers midi, deux voitures noires venues
de VILLEFRANCHE ralentissent au lieu-dit "La Fontaine", tournent
à gauche et s'engagent dans le chemin de la prairie, à l'est
de la voie ferrée, entre les maisons SARTRE et GALICHET. Les habitants
du hameau entendent une brève fusillade et le départ des
voitures.Le même scénario se répète vers 13
h 15. Dissimulés derrière leurs volets, quelques témoins
distinguent bien deux autres voitures de tourisme, occupées par
des soldats allemands et des jeunes gens en civil. De nouvelles rafales
claquent, suivies d'un silence inquiétant. Nul n'ose se risquer
vers le lieu de la mitraille mais, un peu plus tard, venue du village,
la jeune Françoise DUBOIS, 15 ans, se rend dans une pâture
toute proche pour donner à boire aux vaches. Ignorante du drame
qui vient de se dérouler, elle découvre soudain les premiers
cadavres, dans le fossé du chemin.
Les fusillés correspondent bien aux
cinq jeunes arrêtés à BAGNOLS. Il s'agit de :
- CLAVARON Jean, célibataire, né le 15 août 1917,
domicilié à CHARNAY,
- GAY Marius, célibataire, né le 15 juin 1922, domicilié
à TREVOUX,
- JAY Louis, célibataire, né le 17 avril 1921, domicilié
à CHARNAY,
- PERCET Hugues, marié, né le 5 novembre 1922, domicilié
à MESSIMY,
- REY Maurice, 9 marié, père de deux enfants, né
le 2 novembre 1917, domicilié à ANSE.
Tous appartiennent au réseau F.T.P.
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